L’agriculture subit de plein fouet les crises climatiques (qui ont entraîné un surcoût pour l’État de 3 milliards € en 2022), et est en même temps le 2nd secteur le plus émetteur de gaz à effets de serre. Pourtant, la transition du secteur est lourdement pénalisée dans le contexte actuel : il n’existe aucune mesure forte pour que la nouvelle génération agricole soit orientée vers des projets agroécologiques et biologiques et les reculs environnementaux se multiplient, notamment sur les politiques publiques ayant un réel impact écologique.

La transition est l’opportunité de préparer l’agriculture française aux prochaines crises climatiques, de répondre à l’objectif de souveraineté alimentaire en conservant notre biodiversité et donc nos capacités de production à long terme et enfin de réduire significativement les coûts publics. Pour cela, elle doit être le fil rouge de toutes les mesures de la loi d’orientation agricole, en particulier en donnant les moyens à tous les futurs paysans d’aller au bout de leurs projets de fermes agroécologiques et biologiques, notamment pour pallier le déclin de la filière élevage.

200 fermes disparaissent chaque semaine en France et ce chiffre pourrait exploser puisque 50% des agriculteurs seront en âge de prendre leur retraite dans les 10 ans. Alors qu’1/3 des personnes souhaitant reprendre ou créer une ferme ne parviennent aujourd’hui pas à aller au bout de leur projet, les réponses politiques sont insuffisantes pour faire sauter les verrous empêchant le renouvellement.

La relève se situe à 60% hors du milieu agricole et porte majoritairement des projets d’installation agroécologiques et biologiques. L’accompagnement officiel proposé via les Chambres d’Agriculture, sans pluralité d’experts agricoles sur ces sujets, ne permet pas de répondre à leur besoins et les pousse à se tourner vers les organisations paysannes du Collectif Nourrir, aujourd’hui peu reconnues et soutenues par les pouvoirs publics.

Face aux difficultés de reprise des fermes existantes (trop grandes et industrialisées), les agriculteur·rices doivent aussi être accompagné·es humainement et techniquement (pour envisager une restructuration de l’activité). Une réelle réforme de la régulation foncière est également nécessaire pour assurer une juste répartition des terres agricoles et mettre un terme à la concentration des fermes qui fait chuter le nombre de paysans.

Le gouvernement prévoit d’inscrire une définition de la souveraineté alimentaire dans la loi, comme objectif à poursuivre pour orienter ses actions.

Avec 735 millions de personnes souffrant de la faim dans le monde, une agriculture “sans paysans”, visant à soutenir une logique de compétitivité internationale et d’exportations à bas prix, néfaste pour le revenu des paysans français, la résilience des fermes face aux crises internationales et pour l’environnement, n’est pas une solution d’avenir.

Pour que tout le monde puisse manger sainement et à sa faim, la souveraineté alimentaire doit, au contraire, prioriser la production alimentaire destinée aux marchés nationaux et locaux, en augmentant le nombre de fermes à taille humaine sur les territoires, en diversifiant les productions et en garantissant des prix rémunérateurs aux agriculteurs. Ces mêmes principes doivent s’appliquer vis-à-vis des paysans des pays du Sud aujourd’hui concurrencés par nos exportations.